18 décembre 2020

Du théâtre déjanté

Faire du théâtre en temps de pandémie pose plus d’un défi, mais cette troupe a su tirer parti de la situation.

Les finissants du programme de Littérature, théâtre et création ont ont présenté leur projet de fin de session, la pièce « Déjanté », en direct sur Zoom. Une belle réussite pour les comédiens qui ont su démontrer une grande capacité d’adaptation.

Pour leur professeur suppléant, Jocelyn Paré, l’objectif premier du cours de théâtre cette session était d’avoir du fun et de réussir à faire une prestation en fin de session pour donner un sens au travail des étudiants. Jocelyn est avant tout comédien professionnel. Il est apparu dans des publicités télévisées et dans plusieurs pièces de théâtre et courts métrages. Il enseigne aussi le jeu théâtral à l’École de cirque de Québec et depuis trois ans, il est parmi nous, au Service d’animation socioculturelle du cégep. C’est lui qui a animé Cégeps en spectacle cette année et il dirige également la troupe du Théâtre sur la place.

La théorie, c’était la partie facile du cours. Pour la pratique, il fallait improviser pour permettre les apprentissages tout en respectant la distanciation physique. Comment faire marcher les étudiants de long en large sur la scène de façon sécuritaire? Jocelyn a séparé la scène en 12 carrés, un pour chaque étudiant. « Comme ça, ils pouvaient déambuler avec leur masque sans se soucier de la distanciation. De plus, quand ils étaient immobiles au centre de leur carré, ils pouvaient enlever leur masque parce qu’ils étaient à deux mètres », explique-t-il.

Le monologue

Comment présenter un projet de fin de session, un spectacle sur scène normal dans le contexte? La tâche était ardue, selon Jocelyn : « Complexité de l’apprentissage de textes parce que tout le monde dépend des autres. Difficulté à répéter parce qu’à tout moment quelqu’un pouvait être en quarantaine. » La charge de travail était énorme pour des étudiants qui étaient déjà stressés et fatigués. Pour le professeur, il y avait aussi « la difficulté supplémentaire d’évaluer tout ce beau monde-là ».

Et l’idée d’exploiter le monologue a surgi. Cette solution rendait le projet tout à fait réalisable et permettait également d’atteindre les objectifs du cours. « Ça réglait tous les problèmes », dit le professeur. Un aspect important du cours consiste à donner aux étudiants une expérience de production. Les étudiants ont donc participé à toutes les étapes de production du spectacle. Entre autres, ils ont créé le costume de leur personnage et les accessoires ainsi que leur maquillage.

Le professeur a opté pour des monologues « en québécois » de personnages près des étudiants, qui ont presque leur âge. Puis il a imaginé que tous les monologues allaient prendre place dans un party costumé. Les étudiants étaient donc familiers avec ce qu’ils répétaient et le port du masque était du même coup justifié. Ils enlevaient seulement leur masque pour faire leur monologue et le gardaient le reste du temps.

Les étudiants ont créé des outils pour faire la promotion de leur spectacle. Il ont conçu une affiche, des billets et un programme.

Des étudiants racontent leur expérience

« Faire du théâtre en pandémie était assez étrange, surtout que tout ça était nouveau pour tout le monde. C’était assez compliqué en soi puisque cette session était très difficile comparée aux autres et monter cette pièce en demandait une bonne part. Beaucoup d’énergie, plus que d’habitude, m’a semblé être demandée, on était tous fatigués plus rapidement, moins concentrés aussi. Par contre, en avançant au jour le jour on a bien réussi, tous ensemble. C’était très agréable d’avoir, pour ma part, une seule journée complète par semaine au cégep. Le reste de la semaine, j’étais enfermée dans mes cours en ligne, donc voir des gens, socialiser pour de vrai a fait une énorme différence, même si je rentrais après mes cours de théâtre épuisée par manque d’habitude. Merci pour cette session, pour les efforts de tous. » – Jade Bellavance

« Personnellement, je voudrais remercier du fond du cœur la ou les personnes qui nous ont permis de continuer nos cours de théâtre et de pouvoir présenter une pièce. C’est majoritairement grâce à ça que j’ai réussi à passer au travers de la session. Il s’agit d’une grande source de motivation et de plaisir. C’est dommage qu’avec le contexte de la Covid nous n’ayons pas eu la possibilité d’avoir un grand public, mais on s’est adaptés. Je pense aussi que l’important c’est que nous avons eu un moyen pour décompresser un peu à chaque cours, de tout ce qui se passe aux alentours. » – Maxime Nicole

« Le théâtre en temps de pandémie est une vraie chance! Une fois par semaine nous avons eu le privilège d’exercer notre passion et de voir nos coéquipiers avec qui nous avons toujours beaucoup de plaisir. Pour ma part, cette rencontre hebdomadaire soutenait mon moral et ma santé mentale, par les discussions que j’avais avec les autres et mon enseignant. Ça me faisait prendre conscience que l’école et les gens existaient encore. C’était mon petit bonheur de la semaine, ma motivation de la session. » – Jeanne Théberge

Silence, on tourne!

Le spectacle a été capté en direct grâce à la collaboration de Marc Picard, technicien en audiovisuel, et de Kathleen Messervier du Service des programmes et du développement pédagogique. Les étudiants ont donc pu vivre une vraie expérience de scène, avec tous les défis que cela comporte. Par exemple, les comédiens, qui devaient sortir de scène mine de rien pour aller installer leur micro, ont su trouver eux-mêmes le meilleur moment pour le faire. Du beau travail!