7 novembre 2022
Lorsqu’il travaille auprès des enfants, papa pingouin l’accompagne toujours. Sa peluche, qui a tout vu et tout entendu, a déjà fait plusieurs tours de machine à laver, on s’en doute. Pierre-Olivier, 22 ans, étudie actuellement au cégep en Techniques d’éducation à l’enfance. Il envisage de travailler dans un centre de la petite enfance (CPE), mais il se voit aussi très bien se lancer en affaires et offrir des services d’animation en milieu de garde. Faire bouger les enfants, il adore!
Pierre-Olivier sera sans doute le seul éducateur de l’établissement en CPE, mais cela ne l’intimide pas. Il aimerait toutefois que d’autres représentants de la gent masculine considèrent entreprendre une carrière auprès des enfants. Il faut le dire, la profession est quasi totalement féminine. Selon les données du gouvernement du Québec *, les hommes représentent plus ou moins 2 % du personnel éducateur. Pierre-Olivier dit en avoir déjà vu dans les milieux de garde, mais le plus souvent, « ils étaient des remplaçants ou le cuisinier », précise-t-il.
Avant d’effectuer sa demande d’admission, il s’est posé un tas de questions. « Le jugement de l’autre fait peur », admet-il. Maintenant qu’il a fait fi des préjugés, il réalise que les barrières, il se les mettait lui-même. Sa famille et ses amis l’appuient : « Ils me voient très bien là-dedans. Ils me voient heureux là-dedans. »
À l’école secondaire, il avait de bons résultats. L’adaptation au rythme a toujours été son principal défi. Il aime beaucoup plus le contexte d’apprentissage et la flexibilité des formules d’enseignement à la Formation continue et cela agit sur sa motivation : « J’ai beaucoup plus de facilité ici. Les professeures sont passionnées. On voit qu’elles aiment ce qu’elles font. »
Originaire de Lévis, Pierre-Olivier a effectué ses études secondaires à l’école Pointe-Lévy dans le programme sport-études, en natation. Ensuite, s’imaginant bien devenir soudeur-scaphandrier, il a entrepris une formation en soudage. Son avenir semblait tout tracé. Cependant, à l’âge de 17 ans, il recevait le diagnostic d’un cancer, un lymphome hodgkinien de stade 4. Sa vie telle qu’il la connaissait s’est alors arrêtée.
Aujourd’hui en rémission, il s’exprime avec la sagesse d’une personne qui revient de loin. « J’ai vécu le cycle de la mort », précise-t-il. Durant sa maladie, il s’est fait des amis, mais certains n’ont pas eu la même chance que lui. Il avoue avoir traversé une période difficile au cours de laquelle il lui a fallu redonner un sens à sa vie.
C’est à travers l’épreuve, en participant au Camp Vol d’été LEUCAN-CSN, que le jeune homme a découvert, ou redécouvert, à quel point il se plaisait auprès des enfants. « Je suis allée là-bas dans le groupe des 17-20 ans. J’adorais ça l’univers de camp! Je jouais avec les enfants des autres groupes. », explique-t-il.
Les quatre étés suivants, il a travaillé dans les camps de jour où il a développé de fortes aptitudes en animation. Pour lui, être devant un groupe et inclure tout le monde, c’est naturel. Sa formation en éducation de la petite enfance au cégep lui permet d’augmenter ses compétences afin d’offrir un cadre d’apprentissage plus complet aux tout-petits. Lorsqu’il aura terminé ses deux stages en milieu de garde, il obtiendra son diplôme, une attestation d’études collégiales (AEC).
Pierre-Olivier est d’avis que les milieux de garde doivent refléter davantage la composition de la société. L’apport des hommes dans le domaine n’est ni meilleur ni moins bon que celui des femmes, il est simplement différent. Il invite donc les hommes à rejoindre le personnel éducateur en petite enfance : « L’éducation des enfants, c’est un travail qui va se maintenir au fil du temps. Je crois que des crises vont apparaître et que des emplois vont disparaître, mais c’est un domaine qui va rester. Et des gars, il en a toujours manqué! »
Vous pouvez étudier à temps plein ou opter pour un parcours travail-études. Avant de vous engager pour de bon, vous pouvez aussi vous familiariser avec la profession en vous inscrivant à une formation de courte durée.
Caroline Tremblay, éducatrice en petite enfance depuis 1993, a commencé à enseigner au Cégep de Lévis en 2018.
« Les hommes en petite enfance apportent un point de vue différent et ils ont une approche différente auprès des enfants. Ils répondent assurément aux besoins de plusieurs enfants qui aiment beaucoup la présence masculine. Les éducateurs sont, eux aussi, dans le respect de l’enfant, mais je crois que dans la majorité des cas, ils sont plus ouverts à la prise de risques chez les petits. Les hommes sont très recherchés dans le domaine. Lorsqu’ils terminent leur formation chez nous, les milieux se les arrachent. Je suis moi aussi d’avis qu’il en faut plus dans la profession, car leur présence est très positive. »